09 février 2011

Museum Negara, c'est a mon tour.

Je les ai d'abord prévenu: "veuillez excuser mon accent" (mais ils disent qu'il le trouve sexy!) et mes hésitations quand je parle anglais"
Nous allons faire une promenade dans l'époque Coloniale, je vais parler de quelques hommes présents dans la galerie.
 Et dès que je suis entrée dans la galerie avec mon groupe, Il m'a semble qu'Alfonso Albuquerque me prenait par les épaules, tout d'un coup j'étais à l'aise, je me suis sentie bien, l'anglais est venu tout seul, sans effort.
Albuquerque était un formidable marin, navigateur, et découvreur, on l'appelait le César de l'Est. A la recherche de la route des épices, il savait que Malacca, au sud ouest de la péninsule malaise serait une base sure pour abriter la flotte et le commerce du Roi du Portugal.
En 1511, il s'est battu contre le Sultan Mahmud Shah et son armée d'élephants de guerre pour prendre Malacca. Il a construit une forteresse, puis est parti découvrir les iles Moluques, porteuses de poivre, muscade, clou de girofle, canelle, anis étoilé.
J'ai laissé mon copain Albuquerque pour avancer un peu dans la galerie, nous nous sommes arrêtés devant la vitrine du Nassau. En 1606, Cornelius Matelieff de Jonge, pour le compte des Pays Bas, essaie à son tour de s'emparer de Malacca, pour les mêmes raisons: les épices. Un kilog de poivre valait à l'époque un kilog d'or. C'est ici que s'est déroulé cette terrible bataille navale dont j'ai parlé dans le premier billet sur le musée, la bataille de Tanjung Tuan. Les chercheurs d'épaves, commandités par le musée ont retrouvé les canons éclatés du Nassau, et le fond de la mer jonché de boulets. Mais les Hollandais ont pu prendre Malacca seulement en 1641 apres avoir affamé la population, qui est passée de 20000 a 3000 habitants. Pas très sympathiques Matelieff et ses potes...
Les Hollandais étaient très jaloux de leur zone d'influence et n'admettaient aucune interference d'une autre puissance étrangere.
 Pourtant les Britaniques, bien implantés en Inde,  étaient eux aussi à la recherche d'une base pour leurs navires marchands et leur flotte Royale. Un type sympa, Francis Light a fait un deal avec le Sultan du Kedah: "Tu me prêtes ton ile de Penang, et nous les British avec notre Compagnie des Indes de l'Est, on te vient en aide contre le roi de Siam à qui tu dois allégeance et qui t'embete."
L'ile etait un peu trop au nord du detroit, mais possedait de l'eau et des fruits en abondance.
Il fallait défricher. Alors Francis Light a fait envoyer, d'un canon à bord de son navire, une salve de pieces d'argent dans la jungle dans un endroit bien abrité de l'ile. Et l'emplacement du futur Fort Cornwallis a été tres vite nettoyé.
Et quand le Sultan a eu besoin de l'aide des Britanniques, ils ne sont pas venus!
Voila le beau James Brooke, le Rajah Blanc c'est une très longue et belle histoire, au 19 ème siecle il a presque "civilisé" un joli coin de la terre qui s'appelle Sarawak, il a nettoyé les cotes des terribles pirates qui sévissaient dans le coin, et essayé, tant bien que mal d'empecher les Dayaks de jouer à leur jeu favori: coupeur de tete. Meme après lui et son succeseur, son neveu, les Dayaks ont continuer longtemps à jouer à couper les tetes.
 J'étais contente de moi, je n'hésitais pas, pas de euh, pas de err... je me sentais bien, les hommes dont je parlais étaient présents à tour de role, avec moi, je connaissais leur vie, mais n'avais rien appris par coeur je racontais juste ce qui me faisait envie.
Après le beau Rajah Blanc, en avancant un peu plus loin, j'ai voulu parler du pauvre coolie, il est aussi présent dans la galerie. Il etait là pour l'exploitation des mines d'étain qui étaient très demandeuses de main-d'oeuvre. Le travail etait très dur, épuisant. La température infernale, le soleil, la pluie, les orages les moustiques, la dengue et la malaria avaient vite raison de ses maigres forces. Pour survivre, il avait souvent recours à la pipe à opium, du coup, son salaire, payé une fois l'an au Nouvel An Chinois fondait aussi vite que l'étain à la fonderie.
Et puis voila les vilains, ils ont debarqués le 8 decembre 1941, quelques heures seulement avant Pearl Harbour et ont envahis la péninsule à vélo, en un mois, ils étaient arrivés à Singapour. L'horreur de l'occupation est toujours très présente dans la population, encore aujourd'hui. Ils ont été les derniers colonisateurs de Malaya.

J'aurai même bien continué à parler de "mes" hommes, je n'avais pas de stress, je me sentais à l'aise, j'ai fait rire mon auditoire, et puis j'avais terminé.
J'ai passé mes trois auditions. Bientot je serai guide officiel du musée, et là, commencera une autre aventure, car il faudra présenter les quatre galeries, et je suis bien consciente que je ne sais pas encore assez de choses pour raconter à mes touristes la vie de la Malaisie.

05 février 2011

Museum Negara, encore la suite

 C'est May, en polo orange, qui a demarre sur les chapeaux de roue en faisant la premiere sa presentation finale. Elle avait choisi la galerie A, celle de la prehistoire. Dailleurs on voit derriere elle le menhir de ma premiere presentation.
Megan, en rouge, a ete la deuxieme courageuse, elle avait choisie, dans l'ordre, et c'est un pur hasard, la galerie B, presentation magistrale, beaucoup de recherches, Megan a un cheveu sur la langue, elle etait hyper stressee, et elle aussi a oublie de respirer la plupart du temps.
 J'etais troisieme pour presenter la galerie C coloniale, et puis ca a ete le tour de Stuart qui nous a fait une presentation brillantissime de la galerie D, la plus boring de toutes, bravo Stuart, je ne ferai jamais aussi bien, et je pense que j'emmenerai mes touristes au galop a travers cette galerie sans m'etendre outre mesure.
 Ha ha Justin face a Karen, fait moins le mariole que lors de la presentation de Magan la semaine precedente, c'est a son tour, la, ca va, mais on l'a vu paniquer petit a petit, sujet pourtant interressant, galerie C, sur les constructions coloniales.
C'est au tour de Chris, accent anglais parfait, galerie C, les correspondances entre les colons et les colonises, les rapports entre l'Europe et l'Asie, tout parfait.
                              
Et voila notre idole, sans rire, c'est Lyn, une veritable idole en Malaisie, elle est chanteuse, oui, bon okay, un peu couverte, mais aussi tres originale, tres gaie et coloree, ca aurait pu etre pire, elle portait le hijab autrefois! elle a change, elle dit.
Elle a du retard dans ses "examens", elle fait sa deuxieme presentation, elle n'etait sure d'elle et a garde ses notes a la main, (pas recommande) mais elle a parle en anglais, on a gagne ca, lors de sa premiere presentation elle nous l'a fait en malais (pas recommande non plus), mais on lui pardonne tout, on l'adore, elle est adorable.

et moi moi moi? promis jure prochain billet, je dis tout.

04 février 2011

Museum Negara, la suite

Pour ma deuxieme presentation, j'ai choisi de parler du symbolisme dans les ceramiques.
Pour les Nyonyas, les dames Peranakan, les phoenix et les pivoines possedent un pouvoir symbolique.
Le Phoenix, qui peut renaitre de ses cendres represente la foi en l'avenir, et montre que l'on peut surmonter l'adversite et repartir sur de nouvelles bases.
Il est aussi le symbole de l'harmonie conjugale.
Et la pivoine alors? c'est la beaute feminine, l'elegance, la noblesse, le rafinement de la maisonnee, et c'est aussi, quel hasard! l'amour eternel.
Alors je me demande ce que devait penser la petite jeune femme Nyonya du 18 eme siecle jusqu'a il y a peu quand elle voyait arriver dans sa maison la deuxieme epouse, puis la troisieme epouse, plus une ribambelle de concubines, a quoi pouvait bien lui servir tous ses phoenix et ses pivoines?
l'harmonie conjugale et l'amour eternel, c'est pour Monsieur, peut etre.
Voila un tres joli bol, aussi de la dynastie Ching, comme le plat Nyonya, on l'appelle le carre magique. C'est un bol d'une maison musulmane.
Comme l'Islam ne permet pas de representer des images d'homme, d'animaux,ou de choses vivantes, les artistes montrent leur art au travers des figures geometriques de toutes formes et associees les unes avec les autres, et aussi a travers la calligraphie.

C'est juste pour montrer et expliquer une toute petite partie de ma deuxieme presentation, elle etait un peu mieux developpee que la premiere, mais j'etais encore trop stressee et pas assez sure de moi a mon idee, meme si j'ai eu des compliments.
Nous voici ici sur la Place de la Liberte a Kuala Lumpur, dans le centre, on l'appelle Merdeka Square, nous avons une conference in situ sur la creation de la ville.
Cette ville n'existait pas il y a 200 ans, ce sera le sujet d'un futur billet comment elle est devenue une tres belle et moderne capitale.
(ca, bien sur, les ruines gallo-romaines laissent a desirer! mais j'ai mon compte dans mon Garden de France)
Kuala Lumpur, le mot malais pour confluent boueux, voici exactement ou se rejoignent, a gauche la riviere Gombak, a droite la riviere Klang, imaginons la jungle marecageuse, les premiers hommes arrivent en barque, ils commencent a exploiter l'etain.
Les moustiques, la malaria, l'absence totale de confort leur rendent la vie tres dure.
Et la ville a pousse comme un champignon, voici les premieres maisons des marchands place du marche. Et c'est l'epoque coloniale,ce petit campement de mineurs est bientot choisi par les anglais comme centre administratif et de Capitale.

02 février 2011

Museum Negara, au Musee National

Lors de ma seconde presentation, devant la vitrine Peranakan.
 Cette annee, je savais que j'avais un peu de temps devant moi, nous allions rester presque huit mois au meme endroit, a Kuala Lumpur, je pouvais entreprendre cette formation qui me tentait depuis que j'en avais entendu parler lors d'un cafe francais de l'Association Francophone de Malaisie.
Les "Museum Volonteers" organisent une formation pour devenir guide benevole au musee. J'etais passionnee, j'avais vraiment envie de participer a cette aventure, et je me suis lancee tete baissee, sans vraiment savoir ou j'allais.
Le premier jour, j'ai debarque au musee sans jamais y avoir mis les pieds auparavant! Je me suis perdue en route, grace au GPS, et ensuite perdue dans le musee.
On nous a donne un enorme classeur sur la geologie, la geographie, l'histoire, les cultures de Malaisie, je ne savais pas, ce jour la, que six mois plus tard, je connaitrais ce classeur presque par coeur, et plus encore.

Les menhirs de Penkalan Kempas, Negeri Sembilan.
Depuis tous les samedis, nous avons une conference sur l'histoire de la Malaisie, ce peut etre la formation geologique du Sundaland d'ou est nee la peninsule, ou bien l'art du silat et du Kriss, une arme malaise, les temples chinois, l'arrivee de l'islam, la culture Peranakan, l'invasion japonaise le 8 decembre 1941, le sauvetage des cargaisons des bateaux naufrages en mer de Chine et dans le detroit de Malacca, et encore d'autres sujets, tous passionnants.
 Ci dessus, une photo prise au musee, qui est devenu ma deuxieme maison, montre un navire lors d'une des plus terribles batailles navales de cette epoque, le 14 aout 1606, entre les Hollandais et les Portugais, pour la conquete de Malacca, et la route des epices.
Pour etre guide, il faut assister a ces conferences, et aussi preparer des presentations sur le musee.
Pour ma premiere presentation, en octobre, j'etais completement paniquee, j'avais choisi un menhir de la gallerie A, tellement j'avais ete surprise de voir qu'il y avait aussi des menhirs en Asie, il faut donc faire des recherches, tout en anglais of course, apprendre le texte, et ensuite le presenter a nos professeurs, conferenciers, et aux autres futurs guides, qui eux, ont l'air (juste l'air) d'etre tres a l'aise quand c'est a leur tour!
J'ai recite mon texte a toute vitesse, sans meme respirer, A la fin, ils etaient tous hilares.
Il me fallait donc faire mieux les prochaines fois.

                                                           Un Kriss
Demain, ou plus tard, je raconterai l'epopee de mes deuxieme et troisieme presentations.
(et si je suis courageuse, je mettrai peut etre les accents!)